A l’assaut de Roche-la-Croix : Rando en Ubaye
Roche-la-Croix ou la conquête d’un passé bouleversant
Le Fort de Roche-la-Croix
On s’est arrêté à Meyronnes dans la Vallée de L’Ubaye. On avait avancé naturellement dans la direction de l’Italie, à la recherche des assaillants. Ils n’ont pas d’autres choix que de passer par le col de Larche, ou beaucoup plus loin par le col de Montgenèvre. C’est là que les français ont blindé les fortifications. Pour le reste, c’est le Queyras et pour franchir un tel massif, faut s’accrocher.
Sur la route plus bas, nous avions repéré le fort de Tournoux, immense. Il mange tout un pan de la falaise sur laquelle il a été construit. On croirait un travail de tibétains.
Dans les couleurs, le fort se confond avec les rochers, mais la platitude du marbre et les fenêtres à la géométrie parfaite dénotent avec le naturel du relief.
Vu ! Mais à quoi bon, nous étions de jolies cibles en plein milieu de la vallée, totalement dominés par les sommets.
Marcher dans les pas des soldats
Cette montagne.
On se retrouve à ses pieds, elle nous plonge dans son ombre. Un petit torrent, une cascade et les arbres qui s’étiolent.
A couvert du sous-bois
L’air est humide et frais, les couleurs prennent des odeurs. Le vert frais des fougères, l’anisé d’une mousse moelleuse, le lichen passe en vert de gris et la terre mouillée se teinte de bistre et de chocolat.
Juste au-dessus de nous, quand on lève la tête à s’en faire mal aux cervicales, le petit point au bord du relief tout là-haut, c’est le fort de Roche-la-Croix.
Il est bien caché et d’ici on ne pourrait pas le soupçonner. Quelques frissons à l’idée qu’on nous observe, on passe rapidement la rivière en empruntant le pont de bois pour entamer la montée.
A couvert ! On quitte une large piste bien trop évidente pour s’enfoncer dans une forêt raide et sombre. Les bruns profonds des sous-bois nous enveloppent. La montée est vraiment raide à couper le souffle. Raide à casser l’entrain, à faire courber l’échine et avancer en pestant. Au bout de quelques mètres, on souffre du sac trop lourd, les muscles ont tous été sollicités d’un seul coup. Il faudra faire des pauses régulières et ajuster la cadence. Le dénivelé est trop intense, on s’est laissé surprendre comme beaucoup avant nous certainement. J’imagine quelques instants combien l’épreuve serait autre avec des godillots de 2 tonnes aux pieds, un casque branlant sur la tête, des sacoches et des sangles me saucissonnant et une arme me cognant la jambe… L’effort de projection est compliqué,on a beau en parler entre nous, ça crée une gêne qui nous laisse dans un silence triste. L’Histoire nous rattrape.
A la lumière du Passé
Les Mélèzes et les sapins se colorent peu à peu. Plus on gagne en altitude, plus le jaune est intense. Par moment on se retrouve noyé dans l’orangé. C’est l’automne et le fort est encerclé de flammèches. On le distingue entre les arbres. Puis, comme pour reposer nos yeux, quelques épicéas et autres flèches vertes dressées vers le ciel alternent gentiment. Non sans peine, on arrive au sommet et c’est le bouquet final. A cela, se mêlent les herbes sèches d’un blond lumineux. Et de manière immuable, le fort se tient là, déserté. Le silence, les fenêtres comme des yeux vides dans le béton témoignent de cette absence.
Un fort militaire unique
Maginot a constitué un patrimoine militaire hors du commun. Édifiées au milieu de magnifiques forêts de mélèzes ou à la limite des alpages, ces fortifications constituent de passionnants buts de promenade, tous accessibles de surcroît par d’anciens chemins militaires.
À 1 900 m d’altitude, sur un surplomb dominant la route du col de Larche et face à Saint-Ours, le Maginot de Roche-la-Croix laisse apparaître son bloc d’artillerie unique. Le plus imposant de la Vallée. Sa tourelle à éclipse armée de deux canons de 75 mm, surnommée la méchante par les troupes italiennes, a su contenir les assauts ennemis de la seconde guerre mondiale.
Une randonnée au croisement de l’Histoire
L’ensemble militaire, verrou du col de Larche, couvrait la batterie de Viraysse (2 770 m) sur son flanc gauche et le fort Tournoux en arrière, au carrefour entre le Piémont, la Savoie et la Provence.
Vauban fut le premier à marquer le paysage en édifiant le fort de Saint-Vincent les forts, au temps où l’Ubaye était encore savoyarde.
Enfin, cette fortification de montagne sera complétée vers 1880 par une série d’ouvrages : les batteries de Chaudon et du Châtelard (La Condamine) et la batterie du col Bas à Dormillouse (le Lauzet).
Topo randonnée Fort Roche-la-Croix :
Départ du village de Meyronnes (Alpes-de-Haute-Provence 04), à la sortie du village, descendre à droite vers l’Ubayette.
Ainsi, vous pouvez vous garer juste avant le pont. Montez d’abord le long du GR de Pays puis vous prenez à gauche une montée raide en lacets qui vous permet de couper un grand virage. Grand virage que vous pouvez faire pour diminuer la pente de la montée mais vous rallongerez alors le parcours.
Puis la pente devient plus douce pour atteindre les forts de Roche-la-Croix. N’hésitez pas à monter jusqu’au fort supérieur si vous avez encore des forces.
La descente peut se faire par le large chemin très évident en partant du fort, attention la distance est bien plus longue par là mais la pente étant plus douce, vos genoux vous remercierons.
La carte GPS Roche-la-Croix dont on s’est inspiré >>
Visite possible avec guide (1h30) : accessible en voiture par une piste à la sortie du village de Meyronnes. Emprunter la piste forestière de la forêt de la Silve pour arriver à l’ouvrage (environ 20 minutes).
Se renseigner auprès de l’Office du Tourisme.
Te lire ❤
Encore une belle expédition à ajouter à ma liste de choses à faire.
Bisous l’aventurière
Pauline, si tu viens un jour par chez moi, prends de bonnes chaussures de marche !
magnifique ces paysages d’automne, ca donne envie d’y aller !
Tu dois programmer ça alors ! je mettrai encore plusieurs autres descriptifs de randonnées à faire. De cette manière il y aura le choix. Merci pour tes gentils messages Aurélia.
Tout est beau… tes mots, les photos, le chapeau ;) merci pour ce bon moment d’évasion Vanessa !
Merci Céline, je vais être triste si je le perds ce chapeau un jour, il y a eu déjà quelques occasions d’ailleurs…
J’ai adoré suivre vos pas. C’est comme si j’y étais, la douleur aux jambes en moins. J’aime ce récit qui mélange histoire et vécu. J’imagine moi aussi ces soldats, s’agrippant à leurs dernières forces pour gravir cette pente qui a l’air si raide. La lourdeur du métal sur le corps. Un supplice que je n’ose imaginer car ils n’avaient pas le choix, il fallait avancer ! Et puis ces photos automnales… un régal ! Je crois que si on a un créneau l’automne prochain nous passerons par ce côté de la France ça nous donnera l’occasion d’aller manger une glace (oui il n’y a pas de temps pour les glaces, on en mange en toutes saisons !).
Ou une crêpe banane chocolat chantilly, c’est bien aussi ! avec la petite boule de glace qui va avec bien sûr… (référence à « Les douzes travaux d’Astérix », mais là je suis la seule à comprendre je pense)
ça me ferait plaisir mais qui sait, on mangera peut-être plusieurs glaces aux beaux jours en Corse ou sur la Côte ;) J’y crois à mort (référence à « la Cité de la peur », oui, bon, je voulais voir si on avait les mêmes classiques en dehors du « Père Noël est une ordure »…) ;)
Cet article est sublime ! J’ai tellement adoré cette série de photos sur Insta et c’est un bonheur de les retrouver toutes ici, pas à pas. J’adore particulièrement les images de montagne escarpée aux couleurs mi vert sombre, mi automne enflammé. J’adore ta façon de capturer la nature.
Tu me fais drôlement plaisir. Pour l’histoire dans le couple, le photographe c’est mon homme. Il aime bien me prendre en photo mais en ce qui concerne tout le reste, c’est moi et je me sous-estime un peu vis-à-vis de lui, je suis loin d’être pro. Pour dire, j’ai toujours besoin qu’il me fasse les réglages de lumière si je ne suis pas en automatique… Je me fie juste à ma sensibilité, techniquement c’est pas encore ça mais je me soigne :D
C’est un très beau récit, j’aime beaucoup ton écriture ! Les photos sont comme un grand bol d’air frais ! Belle journée !
Merci Lucie, je parle avec le cœur et selon l’humeur.
Heureuse que tu aimes. Bon presque weekend !
Quelles couleurs magnifiques ! je ne connais pas du tout l’Ubaye, il va falloir y remédier :)
Attends un peu Betty, j’ai d’autres randos à proposer et pour le printemps, ce sera parfait ! ;)
Superbe cet article ! Et les images sont au top ;)
Merci beaucoup Julia, je vais découvrir ton blog ce weekend. Cette semaine était tendue, je suis certaine que je vais y trouver l’évasion dont j’ai besoin :)
Ton récit m’a donné envie de découvrir ce petit coin de France ! J’aime ce genre de randonnée ou nature et histoire ne font qu’un ! Je rajoute cette balade à ma Do List !